Portrait : Marguerite Samouillan Zooms 4

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Qui n’a pas été agréablement étonné, traversant Aulon sur la route de « Saint-Go », par la terrasse pimpante du « Café de la Place » ? Mais combien s’y sont arrêtés pour prendre un verre, ou faire le plein et s’y faire servir par Marguerite toujours fidèle au poste à 94 ans passés ?

Née en France de parents d’origine vénitienne installés vers 1920 comme agriculteurs, Marguerite Scaldafero découvre Aulon pour s’y marier il y a 72 ans à « Jeannot » Samouillan, d’une famille de maquignons-bouchers. «  Il y en avait beaucoup des maquignons à l’époque dans le coin ».

Avec son époux ils héritent du commerce familial de « boucherie-charcuterie-café-pompe à essence » qu’ils tiendront jusqu’au décès de Jeannot, suivi peu après de la fermeture de la boucherie-charcuterie. «  C’était le bon temps, on avait un abattoir, un grand jardin et une basse-cour pleine de lapins et de volailles (…) Quatre fois par semaine jusqu’à une heure du matin, les joueurs de cartes débordaient jusque dans la cuisine ; sans compter le foot le vendredi ! Ah ça buvait ! (…) Au temps du pétrole on avait 30 repas midi et soir, et huit chambres à côté ».

Depuis 20 ans, Marguerite tient seule la barre. Mais « les gens ont changé d’habitude, ils boivent de la bière et du soda. Les pompes : supprimées il y a 8 mois, ça ne valait plus le coup avec 3 centimes par litre de marge. Aujourd’hui je ne sers plus les groupes à table, ils payent leurs boissons et se les prennent. »

L’avenir à 94 ans ? « M’arrêter petit à petit, ça n’est plus très rentable (…) Pour ce métier il ne faut pas être trop , car ils ne vous respectent pas, mais pas trop vieux non plus… »

Respect et chapeau bas !

Portrait : Tracy Chaplin Zooms 4

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Créer, s’adapter, transmettre, sont depuis plus de 40 ans les maîtres-mots de Tracy, modiste à Alan depuis 2008.

D’abord se reconvertir, très tôt, quand, danseuse classique au Royal Ballet de Londres, un genou cassé l’y oblige. Ce sera donc : beaux-arts, impression sur tissus, création de chapeaux « sans avoir jamais appris » avec des chutes et tout ce qui lui tombe sous la main, boutique à Londres et premiers succès de 1986 à 1993. Après un approfondissement technique auprès de la modiste de la « Queen Mother », Tracy s’attaque à la Haute Couture londonienne, expose à l’étranger ses créations, jusqu’à être récompensée régulièrement aux « Estivales du Chapeau » de Caussade, capitale française du couvre-chef.

Avec, à la clé, un coup de foudre pour notre Sud-Ouest et pour Alan. Installée dans la grande et belle « maison Barrère », depuis 15 ans, Tracy y « sculpte » ses créations, travaillant feutre, plumes, sisal, paille, tissus et autres matériaux inattendus, pour les extravagantes manifestations anglo-saxonnes et plus simplement pour l’élégance courante de sa clientèle anglaise, australienne, états-unienne, canadienne, voire même française.

C’est à cette même clientèle attirée par son style et le cadre séduisant de son atelier, de sa maison et de nos paysages que s’adressent ses stages individuels ou en groupes restreints sur 5 jours. Sa manière et ses techniques, Tracy les transmet aussi lors de conférences, invitée par ses « étudiants » en Espagne, Australie, à New-York et l’an prochain au Texas et à la Nouvelle Orléans.

Mais « avec le Covid et Internet, s’adapter et évoluer s’imposent ». Pour Tracy ce sera donc demain un « retour à la création pure, au design » en liaison étroite avec fournisseurs et fabricants de Luton, capitale britannique de la chapellerie.

Pour en savoir plus : tracychaplin.co.uk

Portrait : Sylvie Deschamps Zooms 4

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En 2008, à la naissance de leur fille Elise, Sylvie et et son mari Franck font le choix d’une vie saine à la campagne : simplicité, proximité, accueil et pour Sylvie « lassée des modes de gestion des grands groupes », activité à taille humaine.

Auparavant responsable de grandes enseignes et de lourdes équipes dans le sport et le prêt-à-porter féminin dans le Gard, à Aix en Provence, Béziers, Pau, Sylvie a longtemps pratiqué «  vente, merchandising, management, préparation de collection, choix des coupes, des matières, des couleurs, centrales d’achats. Je suis venu à ce métier, après un bac+3 en école de commerce, par passion pour la vente, et me suis formée sur le tas ».

La boutique de la rue Saint-Michel (tenue 34 ans par madame Lacoste, autre passionnée) a permis à Sylvie d’observer une clientèle existante, puis au fil du temps de diversifier les rayons. Toujours à la recherche des tendances pour satisfaire ses clientes, 1700 pièces « tournent » en moyenne sur 15 jours avec des « réappros hebdos » de 50 à 120 kg d’articles choisis chaque saison par Sylvie 6 à 7 mois auparavant dans les show-rooms de fournisseurs à Toulouse, Salies, Boulogne, ou en Italie ou même Paris via internet avec une exclusivité de 25 kilomètres autour d’Aurignac.

La zone de chalandise va jusqu’à Toulouse, Salies, Boulogne et Saint-Gaudens, avec « un panier moyen plus important pour l’extérieur » (80% du chiffre d’affaires) et un « fort impact des  évènements (Aurignac sous pression par exemple) et de l’attractivité d’Aurignac». S’y ajoutent depuis 10 ans les ventes « France entière » sur Internet au prix de 3 ou 4 mises à jour par semaine pour une centaine de clientes.

/Les clés du succès : la bonne connaissance des goûts des plus de 300 clientes fidélisées, le renouvellement constant des pièces uniques, une diversification prudente (chaussures, accessoires) et…la passion du métier. La Boutique des Champs a fêté ses 15 ans !

Pour en savoir plus : http://laboutiquedeschamps

Portrait : Martine Schiavon Zooms 4

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À 58 ans, à Peyrissas, avec ses 110 hectares, ses 80 limousines allaitantes et sa quinzaine de génisses, sans compter taureau, cochons, dindes et oies dodues, Martine fait de la résistance.

Elle résiste en effet aux tendances et aux préconisations technocratiques fluctuantes, fidèle au fil du temps à quelques solides principes : simplicité, rusticité, maximum de prairies permanentes, pâture tournante sur 3 semaines, minimum d’intrants, céréales mélangées sur 11 hectares pour l’auto-consommation, vente de broutards* à des chevillards*… « à chacun son métier! » , heureuse que sa viande se retrouve sur l’étal du Carrefour.

Née paysanne, elle s’installe dès 18 ans, CAP en poche, comme exploitante individuelle en 1983. L’extension viendra d’abord avec la reprise de la ferme paternelle, en 1990, puis le regroupement en fermage d’autres exploitations sur les 20 dernières années. Déjà 40 ans !

Un regret : ne pas être comme beaucoup, en GAEC* pour partager le poids et la complexité de ce qu’est devenu le métier d’agriculteur ; d’où l’impératif de simplicité quand on est seule. Une colère devant la désinvolture de consignes et de réglementations changeantes, parfois irréalistes : avec le sentiment «  qu’on vous met une carotte sous le nez pour vous faire avancer » et « qu’on joue avec nous » . Une crainte aussi face aux aléas climatiques et sanitaires plus fréquents et brutaux : « les choses sont moins prévisibles et les risques plus sévères » .

Une force tranquille cependant, à l’approche d’une transmission pas encore à l’ordre du jour, mais avec de jeunes et agriculteurs dans la famille.

*Broutard : veau de 6 à 8 mois qui a brouté de l’herbe en complément du lait maternel.

*Chevillard : grossiste en viande de boucherie, achète sur pied et fait abattre.

*GAEC : Groupement Agricole d’Exploitation en Commun

Portrait : La carrière d’Aurignac Zooms 3

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C’est en 1952 que Marcel BERNADETS donne « le premier coup de pioche » de ce qui marquera pour des décennies le paysage et l’économie d’Aurignac.

Marié à Jeannette SOUBRIER et installé depuis 1939 comme garagiste en face des établissements FOURCADE, Marcel est fils d’immigrés espagnols ayant fuit la guerre en 36.

La roche est excellente « faite de 98% de carbonate de calcium » mais les débuts sont modestes avec quelques milliers de tonnes extraites annuellement.

Jusqu’à l’ouverture en 1956 du site martrais de LAFARGE gros mangeur de calcaire qui doit entrer pour 80% dans la fabrication du ciment. Pour les atteindre LAFARGE fait alors appel à la carrière d’Aurignac en complément de ses propres gisements.

Ainsi, au début des années 60, ce sont déjà une vingtaine de salariés qui trouvent un emploi à la carrière. 

La croissance s’accélère fortement quand, dans les années 80, s’ajoutent la carrière de Boussan, la gravière du Salat et que LAFARGE décide de sous-traiter son activité carrière, marché pris par l’entreprise BERNADETS avec un associé. Les retombées économiques sont à leur pic avec une cinquantaine de salariés et des volumes annuels de 450 000 tonnes d’agrégats.

Quelques anecdotes émaillent cette période faste : la fourniture de concassé pour les premières générations de pavés auto-bloquants, le goût immodéré des chats pour la litière en calcaire d’Aurignac après tests comparatifs, des accidents de chantier (heureusement sans mort d’homme) avec des engins flambant neufs, les paillettes d’or tirées du Salat à grand renfort de moquettes et de batées à l’ancienne, la carrière embrasée d’artifices pour les 80 ans de son fondateur.

Mais le défi viendra d’une « extension rendue indispensable dans les années 90 en raison de la trop faible épaisseur des couches utiles ». Il sera relevé par Jacky et Daniel les deux fils de Marcel, et le développement se fera vers Alan portant la surface exploitable à 36 hectares ouvrant ainsi des perspectives décennales d’exploitation complétées par la nouvelle gravière de Beauchalot.

En 2007, l’heure de la retraite venue, c’est au groupe BOUYGUES que l’exploitation est cédée qui s’accompagne d’un repli sur Aurignac uniquement, avec des effectifs plus modestes d’une vingtaine de salariés pour des volumes d’environ 250 000 tonnes.

L’avenir ? Des réserves exploitables au rythme actuel pour quelques années sauf…nouvelle extension actuellement à l’étude.

Et au-delà, une reconversion du site en production d’électricité photovoltaïque, « sujet déjà d’actualité sur 6 hectares à Beauchalot ». 

A suivre !

Portrait : Lait et terrines à Peyrissas Zooms 1

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Entre vaches laitières et cochonaille, la Ferme de Cassagnaou de Didier Fréchou et de son fils Anthony, illustre bien le nouveau slogan de la P.A.C. (politique agricole commune) européenne : « de la ferme à la fourchette »

Combien de ses clients d’Aurignac, de Boulogne sur Gesse ou de Saint-Gaudens savent-ils ce qui précède l’arrivée, parfois « à la bourre » mais très attendue, de Didier et de ses produits fermiers, sur les marchés ?

Côté vaches : 70 prim-holsteins à traire (et 75 génisses) nourries sur 63ha (dont 28ha en prairies permanentes ou temporaires), pour 600 000 litres de lait par an livrés en coopérative.

Côté cochons : 520 porcs abattus à 8 mois pour un poids de carcasse de 130kg (contre 95kg à 5,5 mois ordinairement) nourris aux céréales « maison » (40ha de maïs irrigué et 25ha de triticale). Tout ça intégralement transformé par Didier dans un laboratoire adapté sur la ferme, et commercialisé, à raison de dix cochons par semaine, en viande fraîche et charcuterie cuite ou sèche.

En comptant les ventes via deux magasins coopératifs « Ferme Attitude » toulousains, c’est 80% de toute la production de la Ferme de Cassagnaou qui s’exporte hors des Terres d’Aurignac.

Sur leurs 130ha aujourd’hui, les trois générations Fréchou, héritières de 150 années d’exploitation locale, incarnent bien la capacité d’adaptation dynamique du « modèle agricole familial ».