Portrait : Martine Schiavon Zooms 4

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À 58 ans, à Peyrissas, avec ses 110 hectares, ses 80 limousines allaitantes et sa quinzaine de génisses, sans compter taureau, cochons, dindes et oies dodues, Martine fait de la résistance.

Elle résiste en effet aux tendances et aux préconisations technocratiques fluctuantes, fidèle au fil du temps à quelques solides principes : simplicité, rusticité, maximum de prairies permanentes, pâture tournante sur 3 semaines, minimum d’intrants, céréales mélangées sur 11 hectares pour l’auto-consommation, vente de broutards* à des chevillards*… « à chacun son métier! » , heureuse que sa viande se retrouve sur l’étal du Carrefour.

Née paysanne, elle s’installe dès 18 ans, CAP en poche, comme exploitante individuelle en 1983. L’extension viendra d’abord avec la reprise de la ferme paternelle, en 1990, puis le regroupement en fermage d’autres exploitations sur les 20 dernières années. Déjà 40 ans !

Un regret : ne pas être comme beaucoup, en GAEC* pour partager le poids et la complexité de ce qu’est devenu le métier d’agriculteur ; d’où l’impératif de simplicité quand on est seule. Une colère devant la désinvolture de consignes et de réglementations changeantes, parfois irréalistes : avec le sentiment «  qu’on vous met une carotte sous le nez pour vous faire avancer » et « qu’on joue avec nous » . Une crainte aussi face aux aléas climatiques et sanitaires plus fréquents et brutaux : « les choses sont moins prévisibles et les risques plus sévères » .

Une force tranquille cependant, à l’approche d’une transmission pas encore à l’ordre du jour, mais avec de jeunes et agriculteurs dans la famille.

*Broutard : veau de 6 à 8 mois qui a brouté de l’herbe en complément du lait maternel.

*Chevillard : grossiste en viande de boucherie, achète sur pied et fait abattre.

*GAEC : Groupement Agricole d’Exploitation en Commun