L’édito. Zooms 4

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Nous nous sommes quittés début juillet avec un « mercredi » consacré à la pharmacie des 3 Tours et au secteur médical et médico-social, pour nous retrouver le 13 septembre à la Maison Patrimoniale de Barthète autour de ses collections et des oeuvres de Claude Légé, avec comme sujet d’échanges  le rayonnement des artistes et l’attractivité des Terres d’Aurignac  .

Ces rencontres mensuelles se tiendront dorénavant les premiers lundis de chaque mois.

Ainsi, le lundi 2 octobre, à l’Auberge Alanaise, fut dédié aux commerces de proximité pour en évoquer, avec les intéressés, les réussites mais aussi les motifs d’inquiétude.

Nous consacrons ce quatrième zoom à l’esprit d’entreprise au féminin avec une série très éclectique, forcément incomplète, de figures  qui témoignent d’une richesse d’initiatives, de créativité, d’adaptabilité, de saines ambitions, tant dans les activités traditionnelles que sur de nouveaux terrains parfois surprenants.

Bienvenue à Aimée Baudon Zooms 4

Biologiste de formation, Aimée est parmi nous depuis 2020. Après quatre ans au CNRS pour son doctorat, elle consacre huit années au muséum d’histoire naturelle de Tours pour y réaliser des expositions temporaires : « je préférais la vulgarisation scientifique à la recherche ».

En 1998 germe l’idée de « faire  itinérer les expositions au lieu de les ranger dans au placard ». Naît ainsi en 2002, avec une dizaine d’expositions, sa propre entreprise, Double Hélice, clin d’oeil à l’ADN. Quelques principes : vulgarisation claire, graphismes de qualité, dix à douze planches, transportables, résistantes et simples à installer. Plusieurs cibles sont visées : bibliothèques et conseils départementaux, muséums, villes grandes et moyennes, avec comme clients-référence les centres régionaux de culture scientifique, technique et industrielle.

C’est un projet familial (celui de la Glissade à Moundo) qui va conduire Aimée et les siens à « poser leurs malles » à Aurignac tout en poursuivant son activité grâce à internet.

Plus de 60 expos sont au catalogue dans quatre domaines : santé, société, environnement, science, et une centaine vendues chaque année dans un réseau de plus de 850 clients en France principalement. Aimée (et sa nièce pour certains sujets) en conçoit articulation et textes confiés en relecture aux meilleurs spécialistes. Une dizaine de graphistes sont sollicités en fonction des thèmes et du public-cible. L’impressionnabilité (depuis vingt ans près de Lyon) suit, avant assemblage et conditionnement exécutés ici dorénavant.

Le prix catalogue varie de 500 à 1700 € TTC et certaines expos sont disponibles en location. S’y ajoutent parfois brochures et calicots. Au total 60% de la valeur ajoutée de cette activité haut de gamme sont désormais localisés à Aurignac. Une exposition sur l’eau est d’ailleurs en cours de réalisation avec Weronika, graphiste à Aurignac.

Portrait : Marguerite Samouillan Zooms 4

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Qui n’a pas été agréablement étonné, traversant Aulon sur la route de « Saint-Go », par la terrasse pimpante du « Café de la Place » ? Mais combien s’y sont arrêtés pour prendre un verre, ou faire le plein et s’y faire servir par Marguerite toujours fidèle au poste à 94 ans passés ?

Née en France de parents d’origine vénitienne installés vers 1920 comme agriculteurs, Marguerite Scaldafero découvre Aulon pour s’y marier il y a 72 ans à « Jeannot » Samouillan, d’une famille de maquignons-bouchers. «  Il y en avait beaucoup des maquignons à l’époque dans le coin ».

Avec son époux ils héritent du commerce familial de « boucherie-charcuterie-café-pompe à essence » qu’ils tiendront jusqu’au décès de Jeannot, suivi peu après de la fermeture de la boucherie-charcuterie. «  C’était le bon temps, on avait un abattoir, un grand jardin et une basse-cour pleine de lapins et de volailles (…) Quatre fois par semaine jusqu’à une heure du matin, les joueurs de cartes débordaient jusque dans la cuisine ; sans compter le foot le vendredi ! Ah ça buvait ! (…) Au temps du pétrole on avait 30 repas midi et soir, et huit chambres à côté ».

Depuis 20 ans, Marguerite tient seule la barre. Mais « les gens ont changé d’habitude, ils boivent de la bière et du soda. Les pompes : supprimées il y a 8 mois, ça ne valait plus le coup avec 3 centimes par litre de marge. Aujourd’hui je ne sers plus les groupes à table, ils payent leurs boissons et se les prennent. »

L’avenir à 94 ans ? « M’arrêter petit à petit, ça n’est plus très rentable (…) Pour ce métier il ne faut pas être trop , car ils ne vous respectent pas, mais pas trop vieux non plus… »

Respect et chapeau bas !

Portrait : Tracy Chaplin Zooms 4

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Créer, s’adapter, transmettre, sont depuis plus de 40 ans les maîtres-mots de Tracy, modiste à Alan depuis 2008.

D’abord se reconvertir, très tôt, quand, danseuse classique au Royal Ballet de Londres, un genou cassé l’y oblige. Ce sera donc : beaux-arts, impression sur tissus, création de chapeaux « sans avoir jamais appris » avec des chutes et tout ce qui lui tombe sous la main, boutique à Londres et premiers succès de 1986 à 1993. Après un approfondissement technique auprès de la modiste de la « Queen Mother », Tracy s’attaque à la Haute Couture londonienne, expose à l’étranger ses créations, jusqu’à être récompensée régulièrement aux « Estivales du Chapeau » de Caussade, capitale française du couvre-chef.

Avec, à la clé, un coup de foudre pour notre Sud-Ouest et pour Alan. Installée dans la grande et belle « maison Barrère », depuis 15 ans, Tracy y « sculpte » ses créations, travaillant feutre, plumes, sisal, paille, tissus et autres matériaux inattendus, pour les extravagantes manifestations anglo-saxonnes et plus simplement pour l’élégance courante de sa clientèle anglaise, australienne, états-unienne, canadienne, voire même française.

C’est à cette même clientèle attirée par son style et le cadre séduisant de son atelier, de sa maison et de nos paysages que s’adressent ses stages individuels ou en groupes restreints sur 5 jours. Sa manière et ses techniques, Tracy les transmet aussi lors de conférences, invitée par ses « étudiants » en Espagne, Australie, à New-York et l’an prochain au Texas et à la Nouvelle Orléans.

Mais « avec le Covid et Internet, s’adapter et évoluer s’imposent ». Pour Tracy ce sera donc demain un « retour à la création pure, au design » en liaison étroite avec fournisseurs et fabricants de Luton, capitale britannique de la chapellerie.

Pour en savoir plus : tracychaplin.co.uk

Portrait : Sylvie Deschamps Zooms 4

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En 2008, à la naissance de leur fille Elise, Sylvie et et son mari Franck font le choix d’une vie saine à la campagne : simplicité, proximité, accueil et pour Sylvie « lassée des modes de gestion des grands groupes », activité à taille humaine.

Auparavant responsable de grandes enseignes et de lourdes équipes dans le sport et le prêt-à-porter féminin dans le Gard, à Aix en Provence, Béziers, Pau, Sylvie a longtemps pratiqué «  vente, merchandising, management, préparation de collection, choix des coupes, des matières, des couleurs, centrales d’achats. Je suis venu à ce métier, après un bac+3 en école de commerce, par passion pour la vente, et me suis formée sur le tas ».

La boutique de la rue Saint-Michel (tenue 34 ans par madame Lacoste, autre passionnée) a permis à Sylvie d’observer une clientèle existante, puis au fil du temps de diversifier les rayons. Toujours à la recherche des tendances pour satisfaire ses clientes, 1700 pièces « tournent » en moyenne sur 15 jours avec des « réappros hebdos » de 50 à 120 kg d’articles choisis chaque saison par Sylvie 6 à 7 mois auparavant dans les show-rooms de fournisseurs à Toulouse, Salies, Boulogne, ou en Italie ou même Paris via internet avec une exclusivité de 25 kilomètres autour d’Aurignac.

La zone de chalandise va jusqu’à Toulouse, Salies, Boulogne et Saint-Gaudens, avec « un panier moyen plus important pour l’extérieur » (80% du chiffre d’affaires) et un « fort impact des  évènements (Aurignac sous pression par exemple) et de l’attractivité d’Aurignac». S’y ajoutent depuis 10 ans les ventes « France entière » sur Internet au prix de 3 ou 4 mises à jour par semaine pour une centaine de clientes.

/Les clés du succès : la bonne connaissance des goûts des plus de 300 clientes fidélisées, le renouvellement constant des pièces uniques, une diversification prudente (chaussures, accessoires) et…la passion du métier. La Boutique des Champs a fêté ses 15 ans !

Pour en savoir plus : http://laboutiquedeschamps

Portrait : Martine Schiavon Zooms 4

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À 58 ans, à Peyrissas, avec ses 110 hectares, ses 80 limousines allaitantes et sa quinzaine de génisses, sans compter taureau, cochons, dindes et oies dodues, Martine fait de la résistance.

Elle résiste en effet aux tendances et aux préconisations technocratiques fluctuantes, fidèle au fil du temps à quelques solides principes : simplicité, rusticité, maximum de prairies permanentes, pâture tournante sur 3 semaines, minimum d’intrants, céréales mélangées sur 11 hectares pour l’auto-consommation, vente de broutards* à des chevillards*… « à chacun son métier! » , heureuse que sa viande se retrouve sur l’étal du Carrefour.

Née paysanne, elle s’installe dès 18 ans, CAP en poche, comme exploitante individuelle en 1983. L’extension viendra d’abord avec la reprise de la ferme paternelle, en 1990, puis le regroupement en fermage d’autres exploitations sur les 20 dernières années. Déjà 40 ans !

Un regret : ne pas être comme beaucoup, en GAEC* pour partager le poids et la complexité de ce qu’est devenu le métier d’agriculteur ; d’où l’impératif de simplicité quand on est seule. Une colère devant la désinvolture de consignes et de réglementations changeantes, parfois irréalistes : avec le sentiment «  qu’on vous met une carotte sous le nez pour vous faire avancer » et « qu’on joue avec nous » . Une crainte aussi face aux aléas climatiques et sanitaires plus fréquents et brutaux : « les choses sont moins prévisibles et les risques plus sévères » .

Une force tranquille cependant, à l’approche d’une transmission pas encore à l’ordre du jour, mais avec de jeunes et agriculteurs dans la famille.

*Broutard : veau de 6 à 8 mois qui a brouté de l’herbe en complément du lait maternel.

*Chevillard : grossiste en viande de boucherie, achète sur pied et fait abattre.

*GAEC : Groupement Agricole d’Exploitation en Commun